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« En sentant les coups de pied dans mon ventre, j’ai compris que je la garderai »
«Vers cinq mois de grossesse, j’ai senti les coups de pied dans mon ventre… J’ai compris que je la garderai. » A 17 ans à peine, Florence, au physique d’adolescente, tient la main sur son ventre rond : « Quand je suis arrivée au foyer, je voulais accoucher sous X. Mais aujourd’hui, c’est fini, je suis heureuse : ma fille doit arriver dans trois semaines… »
Dans sa chambre, au premier étage du foyer Anjorrant, à Nantes, la sono est à fond, façon discothèque : une manière, selon la jeune future maman, de partager avec sa fille ses musiques préférées. Elle vient de réaménager sa chambre de fond en comble, déplaçant les placards -déjà remplis de vêtements d’enfants- et le bureau pour pouvoir mieux disposer le berceau à côté de son propre lit. Aujourd’hui, Amélie, le bébé à venir, est bien attendue. Même si l’histoire de sa mère n’est pas si simple…
Florence n’a connu sa propre mère que de loin en loin – « Elle m’a eue très jeune, elle aussi, mais ne voulait pas de moi : elle est partie avec un autre à la sortie de la maternité » – et a grandi entre foyers et familles d’accueil. (…)
Elle s’est aperçue qu’elle était enceinte quelques semaines après s’être séparée de son copain. « Il était violent, c’est ça son problème, et moi, on ne me bat pas », raconte-t-elle.
Mère à 17 ans ? « Je ne voulais pas d’enfant », assure-t-elle. Mais d’IVG, encore moins : « Tomber enceinte, c’est quand même un cadeau du ciel, non ? » Alors, au fil des semaines, au centre pour mineures Anjorrant, elle apprivoise cette grossesse imprévue. (…) « En tout cas, cette petite, on va la fêter ! » se promet-elle. »
Florence, Le Figaro
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Enceinte à 17 ans et demi, j’hésitais à le garder
Bonjour, je vous avais contacté, j’avais 17 ans et demi, j’hésitais à le garder, je l’avais gardé…
Mon bébé est né, il s’appelle Jérémie. Il a maintenant 16 mois, c’est un amour. Il fait beaucoup de bêtises mais je l’aime plus que tout au monde…
Le géniteur de mon fils ne l’a pas reconnu, nous n’avons plus de contact avec lui. J’ai un copain depuis que j’étais enceinte de 8 mois, il est super, il s’occupe de Jérémie comme un vrai père. Nous vivons tous les trois dans une maison de ville et tout se passe à merveille.
Avec mes parents ça se passe super bien. Mon Père est heureux d’avoir un petit fils même si le fait que je ne sois pas mariée et plus avec le géniteur le dérange toujours un peu. Avec ma mère tout se passe à merveille elle est très heureuse de son petit fils.
Je vous écris ce mail, pour vous montrer à quel point vous pouvez aider des adolescentes qui ne savent plus quoi faire.
Je vous remercie pour toute l’aide que vous m’avait apporté !!
Marie
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C’est pas facile tous les jours, mais je ne regrette rien
C’est à l’occasion d’une banale prise de sang que l’on m’a dit que j’étais enceinte de trois mois.
J’avais 16 ans. J’ai cru que le ciel me tombait dessus. Ma mère était présente et m’a regardée avec un air horrifié. Je prenais la pilule, mais il m’arrivait souvent de l’oublier. Et puis, comme j’avais encore quelques pertes, je ne me suis pas posé de questions.
J’ai d’abord pensé aller en Angleterre me faire avorter car j’avais dépassé le délai légal en France. J’ai pesé le pour et le contre, discuté avec mes parents et mon petit copain et, finalement, décidé de le garder.
Quand Théo est né, c’était à la fois merveilleux et terrifiant. Son père m’avait quittée, je venais d’avoir 17 ans et je voulais rester une adolescente comme les autres. Pas vraiment compatible avec un nourrisson ! Entre les couches, les biberons, les réveils en pleine nuit, je me suis vite rendu compte que ma vie avait définitivement changé. Et moi aussi ! Ma mère ne travaillant pas, elle gardait mon fils pendant mes cours. Mais pour mes sorties entre copines, niet ! Je devais me débrouiller et trouver une baby-sitter.
Depuis trois ans, j’essaie de mener de front ma vie de mère et mes études. Ce n’est pas évident tous les jours, j’ai parfois envie de décompresser, de redevenir la jeune fille d’autrefois, mais je ne regrette rien.
Iris, 17 ans, Lolie
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Enceinte à 17 ans : Comment le dire à mes parents ?
Moi, je suis tombée enceinte à l’âge de 17 ans et demi. Je vivais encore chez mes parents. Mon père est très affectueux mais aussi très très sévère. Je suis issue d’une famille de 6 enfants, 4 filles et 2 garçons. Je suis la dernière.
À ce moment-là, je suivais ma première année de bac. Je trouvais que j’avais un comportement un peu bizarre. Je dormais énormément, j’avais envie de manger des choses que je n’aime pas beaucoup d’habitude. Et puis, j’ai vu que mes règles ne sont pas arrivées. Ça m’a inquiétée mais j’ai dit : bon, la semaine prochaine si elles ne sont toujours pas là, je fais un test de grossesse. Mais dans ma tête pour moi ça allait être négatif. Et ce vendredi, ensuite, j’ai fait le test qui s’est révélé positif. J’étais vraiment heureuse sur le coup, mais la réalité m’a vite rattrapée. Comment dire ça à mes parents ?
Le soir, en rentrant à la maison, j’avais vraiment très peur, je tournais en rond, je ne parlais pas, ce qui n’était pas mon habitude. Puis j’ai attendu que ma mère soit seule et je lui ai tout avoué. Ce n’était pas facile pour moi car je ressentais un peu de culpabilité car ils m’accordaient toute leur confiance, je pouvais sortir librement. Ensuite, ma mère n’a pas pleuré mais j’ai vu l’expression de son visage qui s’était tout à coup assombri et j’ai vu qu’elle n’était pas tout à fait d’accord. En fait, elle avait peur pour moi. Alors deux jours après, elle a pris l’initiative de le dire à mon père. Alors là, c’était la catastrophe, il ne voulait pas que je sois enceinte. Ils m’ont emmené voir des gynécologues, puis un anesthésiste afin de procéder rapidement à un avortement.
Mais moi je hurlais au fond de moi. Je ne voulais pas enlever mon bébé. Il est à moi et à mon copain, qui lui était tout à fait d’accord avec moi. Je me suis battue pour garder mon bébé, je ne pouvais plus regarder mon père en face. Je me suis dit que si j’arrivais à l’avortement, jamais plus de ma vie je voudrais revoir mes parents.
Puis arrivée deux jours avant l’avortement, j’étais chez ma sœur lorsque mon père et ma mère m’ont pris dans leurs bras et m’ont dit : « nous voulons que tu gardes ton bébé. » Mon père a déchiré le papier qui était destiné à l’avortement. Ce fut un jour inoubliable pour moi.
Aujourd’hui, mon fils a 2 ans et 2 mois, et son père et moi nous sommes fiers de lui, ainsi que ses grands-parents. Alors je voudrais éclairer un peu les filles qui pensent à l’avortement. Moi aussi j’y ai pensé pour pouvoir avoir la paix, mais en fait ça n’arrange rien. Pour votre entourage, surtout quand vous êtes jeune, cette nouvelle est vraiment une mauvaise nouvelle.
Une petite astuce que j’ai utilisée pour vraiment savoir si je voulais me battre contre cet avortement, c’est à la première échographie lorsque vous entendez son petit cœur qui bat à l’intérieur de vous…
Moi je dis que la décision n’appartient qu’à vous seule et au père de l’enfant.
Sophie, 17 ans et demi
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Le sentiment d’avoir ôté la vie d’un enfant
« J’ai 16 ans et demi, j’étais enceinte de 5 semaines… On a beau se dire qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une petite chose de 2 ou 3 cms, on garde quand même ce sentiment d’avoir ôté la vie d’un enfant. On est forcé de s’imaginer comment il aurait pu être. Aurait-ce été une fille ou un garçon… Pour moi, je crois qu’ il était impossible de le garder. Mais je garderai toujours la blessure d’avoir perdu mon bébé, même si je ne le montre pas… »
Caroline
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Le plus dur a été de l’annoncer
« Je m’appelle Marie, j’avais tout juste 16 ans et, en mai, j’apprends que je suis enceinte. Ma première réaction était l’étonnement car, bien sûr, je ne m’y attendais pas. Et le doute, car je ne voulais pas un enfant si jeune. Dès la nouvelle apprise, le courageux papa a pris la fuite, je ne l’ai jamais revu. J’ai dû me débrouiller toute seule, ce qui n’a pas été toujours facile.
Les 4 premiers mois, je me cachais, personne ne le savait. Au début, je détestais cet enfant, je n’en voulais pas, j’ai pensé à tout (avortement, suicide, etc.)
Mais, peu à peu, mon ventre a commencé à grossir, j’ai dû prendre une décision : soit tout avouer, soit continuer à me cacher. Cela a pris plusieurs semaines. Pour être à l’aise dans mes fringues, j’allais faire du shopping dans les centres de bébé (Bébé 9, Aubert, etc.). Au début, j’y allais pour moi, pour trouver des pantalons à ma taille (spécial femme enceinte) mais peu à peu, en traversant les rayons avec des biberons, sucettes, petits vêtements… cela m’a fait très envie ! Je suis alors venue sur Internet pour trouver quelqu’un pour m’aider et je suis tombée sur le site de Sosbébé. J’ai alors envoyé un mail et on m’a gentiment répondu. Grâce à l’équipe, je suis une jeune maman très heureuse !
Le plus dur a été de l’annoncer. Au début, j’avais l’impression que tout le monde me détestait mais au fur et à mesure, mes amies sont revenues vers moi ainsi que ma mère. Mais avec mon père, c’est plus compliqué, il ne m’a plus supportée, ne me parlait plus… Mais j’ai su résister car je faisais ça pour mon bébé, je n’allais pas le perdre pour lui, je ne voulais pas être égoïste. A présent, je vis chez mes parents avec ma petite fille, les rapports sont encore tendus avec mon père mais je fais face ! Aujourd’hui, je suis maman d’une petite fille qui est vraiment adorable !
Marie, 16 ans
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Je suis tombée enceinte à 15 ans ½
Je suis tombée enceinte à 15 ans et demi. Le garçon avec qui j’étais depuis un an m’a quittée, mais ne savait pas que j’étais enceinte. Les premiers mois, j’ai été réglée, pas toujours régulièrement car les règles ne sont jamais très régulières à cet âge, mais je ne pensais pas être enceinte. Mes règles se sont tout de même arrêtées et j’ai commencé à paniquer. Quelques temps plus tard, mes seins prenaient beaucoup de volume, plus que mon ventre je dois dire. De mon 75 A, j’ai terminé ma grossesse avec un 105 D ! Mes proches se disaient que je grandissais, car avec mes 38 kg et mon mètre 45, il était temps que je grandisse disaient-ils sans se douter… J’ai commencé à sentir ce petit bout bouger en moi, j’étais alors sûre !
Avorter était inconcevable
J’ai, comme toutes, pensé à l’avortement. Chez moi, en Belgique, le Planning familial peut nous aider. Mais, à cette époque, il nous fallait 200 euros et l’accord d’un membre majeur de ma famille. C’était inconcevable pour moi ! Je vivais seule avec mon papa depuis le départ de maman et j’étais encore sa petite fille pour lui. Lui dire était trop dur ! Le soir dans mon lit, je me répétais le discours que j’allais lui faire le lendemain pour le lui annoncer. Mais les journées commençaient toujours sans que j’arrive à le lui dire et ensuite je me disais que je n’allais pas lui gâcher sa journée. Alors je me taisais. Mon ventre s’arrondissait très peu et j’ai continué à vivre sans y penser. J’ai pensé au suicide et me disais chaque jour que ça ne servait à rien de se tracasser puisque ce bébé, je ne l’aurai jamais. J’allais mourir avant, mais ça non plus je n’en ai jamais eu le courage.
Changement d’environnement
À mon école, on commençait à me charrier avec ma poitrine et j’étais très mal à l’aise. Ma meilleure amie était enceinte elle aussi, mais c’était une grossesse désirée avec son ami bien plus âgé qu’elle. Je ne lui avais pas fait part de mon état et elle était bien trop occupée par son ventre rond pour voir mon petit bidou à moi. Je n’avais pas envie qu’on dise que j’avais voulu faire comme elle car ce n’était vraiment pas le cas. Alors je n’ai jamais rien dit ! J’ai changé d’école quand mon amie a accouché, prétextant à mon papa que je n’aimais plus cette école et que sans mon amie je ne voulais plus y aller. Je suis allée dans une école où personne ne me connaissait. Je passais mes récréations toute seule dans les couloirs et je ne parlais à personne. Au cours de gym, la prof me poussait toujours car je n’allais pas aussi vite que les autres… Pour finir, j’ai bossé les cours préférant aller chez une amie de mon papa qui n’habitait pas loin de l’école.
Accouchement
Je prenais des cours du soir d’anglais et ce soir-là, du 13 novembre, j’ai senti des douleurs. Elles ont continué toute la nuit, j’avais mal et je pleurais, je n’osais pas aller réveiller mon papa. Le lendemain, j’avais toujours mal mais j’ai pris le bus pour me rendre à l’école. Je suis allée chez l’amie de mon papa. Les douleurs étaient de plus en plus forte et je criais de douleur. Je lui ai demandé d’appeler une ambulance, ce qu’elle a fait, leur disant que j’avais très mal au ventre. Quand le médecin est arrivé, je lui ai hurlé que j’allais accoucher. J’avais peur, je pleurais, mon amie ne comprenait pas, les médecins ont dit : « il est là, c’est trop tard pour l’emmener ». Ils m’ont demandé de pousser, j’avais si peur… Mon petit garçon est né comme ça, dans le salon… Ils l’ont emballé dans un drap de lit pour retourner à l’hôpital. Je l’ai appelé Joachim, prénom qui m’avait interpellée durant ma grossesse. Ma maman est venue me voir et a pleuré de ne pas avoir été là, mon papa n’est pas venu pendant trois jours…
Soutien paternelle
À l’hôpital, j’étais un peu perdue, certaines infirmières ne voulaient pas que je lave mon bébé en me disant que je ne saurais pas… Je me suis sentie misérable. Mon papa est venu et après avoir beaucoup pleuré, il m’a pris dans ses bras et m’a dit que si ma décision était de le garder, il allait falloir que je sois forte et que je me donne corps et âme pour cet enfant car j’étais tout ce qu’il avait pour le diriger dans la vie. Le gynécologue est arrivé dans la chambre et a insulté mon père en lui disant que ce n’était pas possible de faire aussi peu attention à son enfant. Je l’avais si bien caché, jamais il n’aurait pu le voir ! Ce qui me fait rire, c’est que la fille de ce gyné est tombée enceinte quelques années après… à 16ans, comme quoi, il savait de quoi il parlait ! Quand je suis rentrée à la maison avec Joachim, mon papa avait fait une magnifique chambre pour lui. Les années qui ont suivies n’ont pas toujours été faciles et je me suis sentie souvent dévisagée, aujourd’hui encore d’ailleurs.
Les leçons de cet événement
Mon petit garçon a presque 12 ans et devient un jeune homme. Son papa a pris contact quelques fois mais n’a jamais pris part dans sa vie. Joachim sait tout de ses origines et de sa venue au monde, il travaille très bien à l’école et a trois frères et sœurs. Je me suis mariée il y a deux ans avec son beau père et nous construisons notre foyer.
Tout ce que je peux dire, c’est que si c’était à refaire, je le referais mais sans les erreurs… Je ne le cacherai plus car j’ai eu de la chance que tout se soit bien passé, j’aurais pu accoucher seule chez moi !
Je ne laisserai plus ces infirmières me prendre mon bébé comme si je ne pouvais pas le toucher. Je ne laisserai plus ce gyné me dicter ma conduite. Je ne laisserai plus les voisines venir sonner chez moi pour « voir » la petite fille qui a eu un bébé… Il faut être forte pour avoir un enfant et cela à n’importe quel âge. Mais, quand on est jeune, on doit en plus prouver aux autres qu’on en est capable ! Bon courage à toutes les filles mères, ne baissez pas les bras et ne vous laissez pas humilier.»
Cynthia