TÉMOIGNAGE
Sur le moment, je n’ai pas réalisé
J’avais dépassé les 6 mois de grossesse quand j’ai perdu mon bébé
Je viens de lire l’article sur le deuil d’un enfant mort pendant la grossesse et je me retrouve assez dans la description de ces femmes.
J’avais dépassé les 6 mois de grossesse quand j’ai perdu mon bébé. Je n’ai rien vu arriver : j’ai bien senti qu’il ne bougeait plus, et ce pendant quelques jours… mais c’était ma première grossesse. J’ai pensé que ça n’était pas grave, et que de toutes façons, s’il y avait un problème, je le sentirais… Mais non ! Je me suis voilée la face et ça m’a longtemps culpabilisée.
J’ai fini par appeler mon gynécologue qui, lui, a compris tout de suite … Tout est ensuite allé très vite. On m’a expliqué que l’activité cardiaque s’était interrompue. On m’a donné des médicaments pour provoquer les contractions, et prié de revenir dans 2 jours pour accoucher normalement.
Je ne comprenais pas tout : j’allais accoucher normalement ? Pourquoi devais-je attendre deux jours en portant mon bébé mort ? J’ai fait comme si de rien n’était, je réalise aujourd’hui que j’étais incapable de réagir, parce que tout était trop brutal, inexpliqué…
L’accouchement
Quand je suis allée à l’hôpital, j’ai d’abord joué la forte, pour dédramatiser. Puis les contractions se sont accentuées, j’ai commencé à souffrir vraiment, et j’ai attendu longtemps avant que l’on me pose la péridurale. L’anesthésiste a même réprimandé discrètement une sage-femme pour cette attente injustifiée… Environ 1 heure après, j’ai senti quelque chose sortir de moi : la sage femme est arrivée, le médecin étant parti manger… J’ai dit à ma mère qui me tenait la main que tout allait bien se passer et, en effet, ça n’a duré que quelques minutes. La sage-femme a enveloppé mon bébé, une petite fille.
Je suis ressortie le lendemain matin après avoir dormi dans une chambre à côté de mamans qui avaient pu, elles, mener leur grossesse à terme… Il y a même une sage-femme, gentille par ailleurs, qui en me demandant ce que je voulais pour le petit-déjeuner s’est étonnée que mon bébé ne soit pas à mes côtés…
Un silence difficile à vivre
Dans les 6 mois qui ont suivi, j’ai eu du mal à relever la tête. Personne n’en parlait dans mon entourage comme si c’était une histoire classée… Mais elle ne le sera jamais pour moi ! Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas… Notre couple est passé par des moments difficiles, et j’étais mal dans ma tête.
Aujourd’hui, 13 mois après cet accouchement, je suis à nouveau enceinte… En tout cas, j’expliquerai à notre futur enfant qu’il a eu une grande sœur, Flavie, que nous avons désirée et aimée malgré tout. Si ce témoignage peut aider certaines femmes, tant mieux.
Ingrid
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J’ai perdu mon bébé à plus de 6 mois de grossesse.
Je ne m’étais rendue compte de rien sauf d’une très grande fatigue. Elle ne m’a pas inquiétée étant donné que je m’occupais de mes deux autres enfants. Mattéo, 3 ans et Léa, 14 mois. Avec une troisième grossesse et deux enfants en bas âge, cette fatigue me paraissait normale. Je n’avais de plus pas d’autres symptômes. C’est lors de ma visite du sixième mois que mon gynécologue s’est rendu compte que le cœur de Maddy ne battait plus.
Alors, s’en est suivi les trois comprimés pour préparer l’accouchement normal trois jours après….
Nous avons réussi à faire le deuil grâce à nos deux autres enfants et aussi grâce à tous les symboles que nous avons créés autour d’elle. Son bracelet de naissance que j’ai demandé tout de suite après l’accouchement. Une photo d’elle, un texte que j’ai écrit et lu durant la cérémonie. Son album de bébé où j’ai mis dessus sa photo et celles de la cérémonie… C’est tout ce que nous avons fait autour d’elle pour lui donner une existence et sa place au sein de la famille qui nous a aidé a faire son deuil. Elle figure également sur le livret de famille.
Ces souvenirs sont importants et aident un peu à combler le manque.
On sait que le prochain enfant qui viendra ne pourra pas prendre sa place.
Véronique
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J’avais tellement d’amour à lui donner…
J‘ai perdu mon bébé, elle avait 8 mois et demi, j’étais à terme.
Je m’appelle Laïla, j’ai 25 ans. Le 27 juin 2003, je ne sentais plus ma fille bouger. Elle avait 8 mois et demi, j’étais à terme. Je suis allée aux urgences, persuadée que ma fille allait bien, que rien ne pouvait lui arriver. C’est là qu’on m’a dit que son cœur ne battait plus, qu’elle était morte.
C’était le jour le plus horrible de toute ma vie, le 27 juin 2003, un jeudi. C’est une date que j’oublierai jamais. Je suis rentrée chez moi avec Loubna morte dans mon ventre. J’étais désemparée, bouleversée, j’étais perdue. Il m’ont donné des médicaments à prendre pendant trois jours pour déclencher l’accouchement et je suis rentrée à l’hôpital samedi 29 juin. J’ai accouché à 24h03, je m’en souviendrai toujours.
Le pire est que j’ai eu des complications. J’ai fait une hémorragie importante, je suis restée en réanimation pendant deux jours. La situation était critique…
Mais maintenant je vais mieux niveau santé, c’est psychologiquement que ça va pas. Loubna était mon premier enfant, et il n’y a pas un jour où je ne pense à elle, elle a laissé un vide en moi que je ne peux expliquer, elle me manque…
J’ai demandé à la voir, c’était dur mais j’avais l’impression qu’elle dormait, elle était belle, ma petite Loubna, elle me manque, et j’ai mal à l’intérieur de moi, j’avais tellement d’amour à lui donner… J’attends d’être guérie pour avoir un deuxième enfant.
À ma Loubna que j’aime et que j’aimerai toujours. Ta maman qui ne cesse de penser à toi.
Laïla
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Donner mon enfant valait mieux que le tuer
Je suis algérienne. J’étais amoureuse d’un garçon qui m’avait promis le mariage. J’avais 23 ans. J’étais l’aînée de huit enfants. J’avais ouvert la voie à mes sœurs, arraché le droit d’aller en 6ème, de passer mon bac, de faire des études et… j’attendais un bébé.
S’il l’avait appris, mon père aurait pensé que j’avais voulu tout cela pour pouvoir coucher. Il ne m’aurait pas tuée, non, ça aurait été pis. A cause de moi, il aurait perdu son honneur et sa fierté. Cette grossesse aurait ruiné tous mes acquis et entraîné dans ma dégringolade ma mère, mes sœurs et toute ma famille. C’était une catastrophe.
Mon copain a eu peur. Il m’a laissée tomber. J’aurais pu le poursuivre, mais notre histoire devait rester secrète et le temps pressait. Impossible d’avorter.
Accouchement sous X
Il restait l’adoption praticable en France et cette idée m’a soulagée : donner mon enfant valait mieux que le tuer. Ma mère et moi sommes parties pour Marseille en justifiant tant bien que mal nos trois mois d’absence. Quand on m’a parlé d’accouchement sous x, j’ai juste entendu que c’était gratuit et secret. Il faut dire que, dans ces cas-là, on n’est pas dans son état normal. J’étais une boule d’angoisse, incapable de penser à la suite. Je vivais dans l’urgence.
Je n’ai pas voulu voir le bébé.
Je l’ai juste entendu pleurer. On m’a dit que c’était un magnifique garçon. Je suis sortie quatre jours plus tard, malade, vidée, ne me rendant compte de rien.
Brisée
Je n’étais pas moi-même. J’étais incapable de réfléchir, paralysée, manipulable. (…)
Ma famille et l’honneur étaient saufs, mais moi, j’étais brisée. Je me levais et me couchais en pensant à mon fils. Plus les années passaient, plus il était présent. Je me disais : « Il a 7 ans, il a 8 ans… et il n’est toujours pas là. » Je me demandais aussi s’il était heureux, s’il connaissait mon existence ? Je me posais des questions, des plus simples aux plus folles. Je regardais les gamins dans la rue en me disant que, si je le croisais, je le reconnaîtrais…
Puis, j’ai rencontré le grand amour. Cet homme avait un fils que je choyais, mais en pensant au mien. Nous n’avons pas pu avoir d’enfant. Je suis sûre que je me punissais ainsi. D’ailleurs, je voulais une fille, mais je pensais : « et si elle rencontre son frère ? Ils vont tomber amoureux… »
Lancement des recherches
C’est une amie qui m’a convaincue d’entreprendre des recherches.
Je me souviens d’avoir téléphoné à une association. On m’a demandé si j’étais une enfant x et j’ai répondu en sanglotant : « Non, je suis une mère. »
Il m’a fallu trois semaines pour écrire la lettre du lever de secret. Mon fils me cherchait aussi. Quand ses parents adoptifs ont appris mon désir de le revoir, ils ont eu le choc de leur vie. On leur avait tellement dit que je n’avais aucune chance de le retrouver…
Plus tard, sa mère adoptive m’a dit qu’elle avait eu peur que je vienne le reprendre. Mon fils aussi a été secoué. Il a mis trois semaines avant de réagir. C’est l’assistante sociale de son lycée qui m’a téléphonée au travail en m’annonçant : « J’ai votre fils en face de moi. » On est là et on ne sait pas quoi dire. Je l’entendais demander : « Est-ce que j’ai des frères et sœurs ? Est-ce qu’elle vit avec mon père ? » J’ai oublié le reste. Je me souviens seulement qu’il avait un drôle d’accent de Marseille et qu’il me disait vous. Je lui ai dit de me dire tu.
La rencontre
Quand j’ai eu raccroché, je suis devenue comme folle. Je suis allée voir ma copine et j’ai hurlé, j’ai pleuré en disant que j’avais retrouvé mon fils. En rentrant à la maison, j’ai trouvé une enveloppe avec une lettre et une photo de lui. Dans sa lettre, il m’expliquait qu’il était content de me retrouver. Que ses parents étaient les personnes les plus importantes de sa vie. Qu’il ne m’en avait jamais voulu et qu’il voulait que l’on tisse des liens… Quand j’ai eu sa mère au téléphone, elle m’a remerciée de lui avoir fait cadeau de son fils et moi je l’ai remerciée de lui avoir donné une famille. Ils sont venus à Paris pour Noël. J’avais acheté des tas de cadeaux et un immense sapin. Enfin, le 25 décembre 1999, j’ai pu serrer mon fils dans mes bras pour la première fois. Il avait 19 ans. »
Floriane, 44 ans, témoignage paru dans Avantages
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J’ai perdu mon bébé après 9 mois de grossesse
Il y a six ans j’ai perdu moi bébé après 9 mois et dix jours de grossesse. Lorsque je suis arrivée à l’hôpital, j’étais en travail, ils ont vérifié le battement de cœur du bébé et ils ne le trouvaient pas. Ils m’ont immédiatement fait une césarienne, mais il était déjà trop tard…
Ce n’est que grâce à l’amour de mes deux autres filles et de mon mari que j’ai pu supporter cette épreuve. J’en suis ressortie plus forte que jamais. Dix-huit mois plus tard j’ai accouché de ma quatrième fille, par césarienne.
Valérie
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En un instant, notre vie a basculé
J’ai perdu mon bébé : récit d’un deuil périnatal par un père
Nous avons perdu notre bébé. Cela s’est passé le 5 août, 24h auparavant, il ne bougeait pas : cela se produit à plus de 8 mois de grossesse… Lorsque nous sommes arrivés aux urgences pour un contrôle, notre vie a basculé dans un affreux cauchemar…
Le cœur de Baptiste s’était arrêté de battre. Et là, tout devient trouble autour de vous, on ne voit plus personne, que sa compagne en train de pleurer… Benjamin, notre premier (heureusement qu’il est là) nous fait vivre. Nous avons beaucoup de mal à survivre. Notre deuil sera long…
Bernard
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J’ai perdu mon bébé à terme
J’ai perdu mon bébé à terme, et je tiens à en témoigner. Je m’appelle Aurélie et j’ai 20 ans.
Ça s’est passé un dimanche : je ne le sentais plus bouger, donc je me suis rendu à la clinique. Là, on m’a mis le monitoring et comme on n’entendait plus son cœur battre, on m’a fait une échographie : c’est là que l’on m’a dit qu’il n’y avait plus rien à faire, qu’il était mort.
Ça a été très douloureux.
Le lendemain, on m’a déclenché l’accouchement par les voies naturelles, et il est né. Je ne comprends toujours pas… Tout c’était bien déroulé tout au long de ma grossesse. Malgré tout ça, j’ai quand même accepté de voir ma fille et de la prendre dans mes bras.
Une chose est sûre : je n’oublierai jamais ce petit visage. Je me rends souvent au cimetière…
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Lucas restera toujours dans mon cœur
J’ai perdu mon bébé, cela s’est passé le 29 janvier 2002, à 16 jours du terme, mon premier enfant…
J’avais rendez-vous chez mon gynécologue vers 11h15, il regarde sur l’échographie, le choc. Il m’annonce que le cœur de mon bébé ne bat plus. Le pire c’est que le jour d’avant je le sentais encore bouger…
Je me suis mise à pleurer. La première chose que j’ai faite en sortant de chez lui a été d’appeler mon compagnon. Le soir même, je suis rentrée à l’hôpital, vers 2h30 du matin. Il est venu au monde le 30 janvier à 6h30 du matin, un magnifique petit garçon nommé Lucas. Le médecin m’a demandé si je voulais le voir et j’ai dit oui, il me l’a mis sur mon ventre et j’ai pleuré. Le plus dur, c’était quelques heures après : je voulais aller lui faire mes adieux avant qu’ils ne l’emmènent et ils n’ont pas voulu, je n’ai pas pu dire au revoir à mon petit bout d’chou.
Trois jours après, nous avons fait une cérémonie d’adieux très émouvante pour nous deux, puis nous l’avons enterré et il repose en paix avec son grand-père.
Toute cette épreuve a été dure pour moi, il n’y a pas un moment où je ne pense à lui. Depuis, j’ai su que mon placenta était trop petit pour que Lucas puisse survivre, il a été privé d’oxygène… Cela fait maintenant 4mois et demi que nous essayons de refaire un bébé mais j’ai peur que ça arrive encore. J’espère de tout mon cœur que non, et si ça marche je lui parlerai de son frère que j’aime tant et qui restera toujours dans mon cœur.
Anaïs
TÉMOIGNAGE
Le personnel médical n’y va pas par quatre chemins…
J’ai perdu mon bébé : Comment recevoir l’annonce d’un deuil périnatal.
Enceinte en mai 2000, nous attendions notre premier bébé. Ma grossesse s’est déroulée tout à fait normalement. Le vendredi 15 décembre 2000, comme je me suis mise à vomir en continu, j’ai été à l’hôpital en urgence. Une sage femme m’a posé le monitoring et elle ne trouvait pas le battement de cœur du bébé.
Ils ont appelé mon ami pour aller faire une échographie et là on nous a dit « votre bébé est mort ». Puis plus un mot. Cette phrase, je m’en rappellerai toujours. Je la trouve tellement blessante, trop directe. Le personnel médical n’y va pas par quatre chemins.
On m’a mise sous perfusion pour déclencher l’accouchement.
Le samedi 16 décembre 2000, vers 2 h du matin, le médecin m’a posé la péridurale, et j’ai accouché naturellement à 7h15 du matin.
Nous avons fait le choix de voir notre bébé qui s’appelle Corentin, qui est très magnifique.
Je suis restée 4 jours dans le service des grossesses à risque, parmi des futures et des jeunes mères, ça c’est douloureux.
Notre enfant repose « au jardin des souvenirs » à la Rochelle.
7 mois après, j’étais de nouveau enceinte. Notre enfant s’appelle Valentin, il est beau, en parfaite santé, et il a aujourd’hui 18 mois. Valentin est trop petit pour comprendre qu’il a un grand frère mais nous lui en avons parlé deux ou trois fois.
Je soutiens toutes les mères et tous les pères qui perdent leur enfant, car c’est une étape très difficile à vivre, mais le plus dur (je parle pour notre cas) c’est les « on dit », toutes ces personnes qui font mal.
Nos familles respectives nous ont épaulés pour passer le cap. Le soutien familial est essentiel.
Anna