IVG : quelles méthodes et quel cadre légal en France ?
Deux méthodes : l’IVG médicamenteuse (association mifépristone puis misoprostol) et l’IVG chirurgicale (aspiration). La Haute Autorité de Santé précise les protocoles et conditions de prise en charge de l’IVG médicamenteuse, en ville comme à l’hôpital.
Délais légaux : depuis la loi du 2 mars 2022, l’IVG chirurgicale est possible jusqu’à la fin de la 14ᵉ semaine de grossesse (16 SA d’aménorrhée). Le délai de recours à l’IVG médicamenteuse en ville est à 7 semaines de grossesse.
Avant l’IVG : information, accompagnement et consentement
Quelle que soit la méthode et le lieu de réalisation de l’IVG (en établissement de santé ou hors établissement de santé) il existe deux étapes préalables obligatoires : l’une dédiée à l’information et l’autre au recueil du consentement.
Des informations claires et précises sur les techniques disponibles et mobilisables au vu de la situation clinique (déroulement, lieux de réalisation, complications potentielles) sont apportées à la femme qui consulte. Une datation de la grossesse est effectuée et un entretien psychosocial proposé.
Le professionnel de santé sera attentif à déceler, dans ce premier temps de consultation, des situations de violences conjugales ou d’autres situations de vulnérabilité.
Un entretien psychosocial doit être proposé systématiquement à toutes les femmes. Il est obligatoire pour les femmes mineures et doit être réalisé préalablement au recueil de leur consentement. Les femmes majeures qui n’ont pas souhaité réaliser cet entretien préalablement à l’IVG ont la possibilité d’y recourir à tout autre moment de la procédure si elles le souhaitent.
Pendant : comment cela se passe ?
- IVG médicamenteuse :
Elle consiste à prendre successivement deux molécules : la mifépristone qui stoppe l’effet de la progesterone (hormone de la grossesse), puis, 24 à 48 heures plus tard, le misoprostol, qui provoque l’expulsion du contenu utérin.Des saignements et crampes abdominales sont attendus après la prise du misoprostol. Il est important de ne pas rester seule si l’IVG a lieu à domicile.Une prise en charge anticipée de la douleur est prévue, avec la prescription d’antalgiques (ibuprofène, paracétamol, voire associations plus fortes si besoin).
Un arrêt de travail peut être proposé.Après la prise du comprimé de mifépristone, il arrive que certaines femmes soient prises de doute et souhaitent finalement poursuivre leur grossesse. Dans ce cas – s’il n’y a pas eu de prise de misoprostol – il arrive que la grossesse puisse continuer à évoluer normalement. Une consultation avec une sage-femme ou un médecin pourra permettre de suivre l’évolution de la grossesse
- IVG chirurgicale : Cette méthode repose sur une aspiration du contenu de l’utérus, réalisée sous anesthésie locale ou générale. Une surveillance médicale est assurée après l’intervention : dans la plupart des cas, une hospitalisation inférieure ou égale à 12 heures est nécessaire. Les médecins recommandent, par ailleurs, que la femme soit accompagnée lors de sa sortie de l’établissement.
Après l’IVG : quel suivi ?
Une consultation de suivi est nécessaire après l’intervention, pour vérifier que la grossesse est effectivement interrompue et qu’aucune complication n’a eu lieu et. Cela peut comprendre un examen clinique, une échographie ou un dosage sanguin des β-hCG.
Combien de temps pour se remettre d’une IVG
Chaque femme réagit différemment. La récupération physique peut durer de quelques jours à quelques semaines selon la méthode et le contexte.
- Les saignements peuvent être plus abondants que des règles et durer de quelques jours à trois semaines.
- Les symptômes de grossesse (nausées, seins sensibles) disparaissent généralement en quelques jours.
- Les règles reviennent en moyenne 4 à 6 semaines après l’IVG.
La cicatrisation émotionnelle, quant à elle, est propre à chacune. Elle peut s’étendre sur plusieurs semaines ou mois, avec des périodes plus sensibles — notamment lors de dates symboliques ou d’événements de vie importants (anniversaires, nouvelle grossesse, deuil).
Prenez le temps nécessaire pour vous remettre, physiquement et psychologiquement.
Quand demander de l’aide ?
Il est important de consulter un professionnel de santé si :
- les symptômes persistent ou s’aggravent,
- vous ressentez un mal-être qui dure, une grande tristesse, des idées noires,
- ou encore des troubles du sommeil, une anxiété importante ou les signes d’une possible dépression.
Vous pouvez à tout moment demander à bénéficier de l’entretien psychosocial, proposé à toutes les femmes avant ou après une IVG.
À qui s’adresser ?
- Association d’accompagnement : Agapa propose des entretiens individuels ou des cafés-rencontres entre femmes ayant vécu une IVG. Ces rencontres, animées par des écoutantes formées, peuvent se faire en visio ou en présentiel.
- Service d’écoute SOS Bébé : confidentiel, gratuit et bienveillant, il est à votre disposition par mail, tchat ou téléphone au 01 42 47 08 67.
Chaque histoire est unique — une écoute bienveillante et confidentielle peut aider à retrouver calme et confiance.
❓ Questions fréquentes
⏳ Combien de temps faut-il pour aller mieux ?
La récupération physique se fait généralement en quelques semaines. Sur le plan émotionnel, chaque femme avance à son rythme : certaines se sentent rapidement soulagées, d’autres ont besoin de plus de temps pour écouter et accueillir leurs émotions. Il n’y a pas de durée « normale » — l’important est de respecter son propre chemin.
🚨 Quels signes doivent m’alerter ?
Consultez sans attendre en cas de :
- fièvre,
- douleurs intenses,
- saignements très abondants,
- ou malaise important. Sur le plan psychologique, soyez attentive à des signes comme une tristesse persistante, une anxiété majeure, des idées noires ou les signes d’une dépression naissante.
N’hésitez pas à demander de l’aide si vous en ressentez le besoin.
🩺 Faut-il consulter après une IVG ?
Oui, un rendez-vous de contrôle est essentiel, généralement deux à trois semaines après l’IVG, afin de vérifier qu’il n’y a pas de complications à la suite de l’IVG.
💢 L’IVG est-elle douloureuse ?
Les sensations varient selon la méthode et la sensibilité de chacune. Une IVG médicamenteuse peut provoquer des saignements importants, des crampes, parfois des nausées ou diarrhées.
Une prise en charge systématique de la douleur est prévue — n’hésitez pas à en parler avec votre médecin ou votre sage-femme pour adapter le traitement antalgique à vos besoins.
Les médecins préconisent de ne pas être seule lors d’une IVG médicamenteuse à domicile.
🌱 Est-ce que l’IVG « abîme » la fertilité ?
Non, l’IVG n’altère pas la fertilité, à condition qu’il n’y ait pas de complication.
Une nouvelle ovulation peut survenir dès la deuxième ou troisième semaine après l’intervention.
💗 Est-il possible de ressentir une tristesse ou un vide après une IVG ?
Oui, cela peut arriver. Certaines femmes parlent d’un sentiment de vide ou de tristesse, d’autres ressentent plutôt du soulagement. Chaque expérience est différente, et il est fréquent de traverser des émotions contrastées : soulagement, culpabilité, fatigue émotionnelle, colère ou chagrin, parfois même plusieurs semaines plus tard.
Être à l’écoute de ses émotions et pouvoir en parler — à un proche, un professionnel ou un service d’écoute comme SOS Bébé — peut aider à sortir de ce sentiment de mal-être et à retrouver une forme d’apaisement.
