Une fausse couche dans les premiers mois de la grossesse, que l’on appelle aussi fausse couche précoce, est un événement courant. On estime qu’environ 15 à 20 % des grossesses s’arrêtent spontanément au cours du 1er trimestre. Une grande partie survient avant même que la femme ait réalisé qu’elle était enceinte.
Dans l’immense majorité des cas, il s’agit d’un accident isolé qui n’a aucun risque de se renouveler. « D’un point de vue médical, l’évènement est considéré comme fréquent et n’aura pas de conséquences sur le succès des grossesses futures », précise le Pr Tournaire.
Beaucoup de causes peuvent expliquer une fausse couche même s’il reste toujours une part d’inexplicable
Les raisons qui provoquent une fausse couche varient selon le stade de la grossesse (précoce ou tardive) et selon l’histoire médicale de la femme. Leur exploration permet souvent d’envisager plus sereinement une future grossesse.
L’embryon n’est pas viable

Réaction naturelle de défense de l’organisme. Une fausse couche isolée n’a rien d’inquiétant, même si elle demeure un évènement qui affecte profondément les femmes. 90% des fausses couches isolées sont dues à une anomalie chromosomique de l’embryon. Dans l’immense majorité des cas, la grossesse suivante se déroulera normalement.
Il peut s’agir de l’expulsion d’un œuf clair. Dans ce cas le processus de fécondation s’est mal déroulé, l’échographie confirme que l’œuf est vide.
Dans certains cas, très rares (1 grossesse sur 2000), la fausse couche peut être attribuée à la présence inexpliquée d’une tumeur bénigne du placenta, appelée « môle hydatiforme ». Elle se manifeste par des hémorragies et une grande fatigue et se diagnostique précisément à l’échographie. La môle hydatiforme se développe aux dépens du tissu placentaire et empêche l’œuf de s’implanter normalement. Elle doit être enlevée rapidement, la plupart du temps par curetage. Un traitement spécifique préventif empêche les récidives.
Malformations utérines
Une première fausse couche n’alerte pas les médecins. Mais à partir de trois fausses couches, des examens spécialisés (échographie, hystéroscopie, cœlioscopie) peuvent être réalisés.
Des anomalies comme l’utérus cloisonné (séparé par une cloison), bicorne (avec 2 cavités), la présence de fibromes ou de synéchies (cicatrices de la paroi utérine qui gênent l’implantation de l’œuf) peuvent perturber la nidation et le développement de l’embryon. Il en est de même pour les polypes, fibromes, endométriose (prolifération de la muqueuse utérine en dehors de l’utérus). Dans la plupart des cas, une intervention chirurgicale adaptée permet de résoudre le problème, pour permettre la nidation de l’embryon ainsi que son bon développement.
Accidents traumatiques
Un traumatisme important (accident de la circulation, chute grave, choc abdominal) peut exceptionnellement provoquer une fausse couche. Les sports intenses ou violents (équitation) ne sont pas directement responsables, mais il est recommandé d’adapter son activité physique selon l’avancée de la grossesse.
Facteurs liés au mode de vie
- Tabac, alcool et drogues : ils augmentent le risque de fausse couche et de complications.
- Surpoids et obésité : un indice de masse corporelle (IMC) élevé augmente de 67 % le risque d’une fausse couche précoce ou répétée.
- Carences alimentaires : un déficit en acide folique peut accroître le risque d’anomalies embryonnaires.
- Stress et manque de sommeil : non directement responsables, mais ils peuvent fragiliser la santé globale.
Exposition environnementale et toxiques
Certains produits chimiques (solvants, pesticides, perturbateurs endocriniens), la pollution de l’air, et même certaines expositions professionnelles sont associées à un risque plus élevé de fausse couche.
Virus et Infections

Certaines infections peuvent entraîner une fausse couche et sont dangereuses pour le bon développement de l’embryon. Elles peuvent entraîner des malformations fœtales graves et provoquer des fausses couches :
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- rubéole, varicelle (en cas de non-immunisation),
- listériose, toxoplasmose,
- infections génitales (chlamydia, mycoplasmes),
- virus de l’herpès ou zona.
La plupart du temps, les femmes sont immunisées contre ces maladies, soit en les ayant contractées, soit en étant vaccinées.
Les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués pendant la grossesse (rubéole, varicelle), mais d’autres sont recommandés (grippe, coqueluche).
Béance du col
La béance cervicale est responsable de nombreuses fausses couches tardives (après 14 semaines). Le col ne fait alors plus office de verrou de l’utérus. Un cerclage du col, réalisé à la fin du 1er trimestre, permet à la grossesse de se développer normalement.
Dérèglements hormonaux
Un déficit en progestérone, en œstrogènes, ou une maladie de la thyroïde peuvent entraîner une fausse couche. Avec un traitement adapté (hormonothérapie ou substitution thyroïdienne), la grande majorité des femmes concernées parvient à mener une grossesse à terme.
Maladies chroniques
Le diabète mal équilibré, l’insuffisance rénale, l’hypertension sévère ou certaines maladies auto-immunes augmentent le risque de fausse couche. Un suivi médical adapté avant et pendant la grossesse est essentiel pour limiter ces risques. Les femmes qui souffrent de l’une ou l’autre de ces maladies chroniques peuvent prévenir leur médecin spécialiste de leur désir d’enfant afin d’adapter leur traitement avant même le début de la grossesse.
Incompatibilité rhésus
Si la mère est rhésus négatif et le fœtus rhésus positif, il existe un risque d’allo-immunisation. Sans prévention, les globules rouges du fœtus peuvent être détruits, ce qui entraine l’arrêt de la grossesse. Aujourd’hui, des injections d’immunoglobulines anti-D permettent d’éviter ce risque.
Si votre groupe rhésus est négatif, il est essentiel de le signaler à votre médecin à chaque fausse couche, grossesse extra utérine, IVG, ou transfusion.
Fausse couche tardive
Une fausse couche est dite tardive entre 14 et 22 semaines d’aménorrhée. Les causes peuvent inclure :
• béance cervicale,
• anomalies utérines,
• infections,
• problèmes du placenta ou du cordon,
• maladies chroniques sévères de la mère.
Elle nécessite un suivi médical particulier et peut justifier des examens plus poussés.
Prévention et suivi après une fausse couche
Après une fausse couche, il est conseillé :
• de consulter pour vérifier que l’utérus est bien vide,
• d’échanger avec son médecin pour comprendre la cause éventuelle,
• de faire un bilan en cas de fausses couches répétées,
• d’attendre généralement un à deux cycles avant de retenter une grossesse (sauf indication contraire).
Sur le plan psychologique, un accompagnement peut être essentiel pour traverser le deuil périnatal.
Statistiques récentes
- 15 % des grossesses s’arrêtent spontanément au 1er trimestre (Ameli, 2024). https://www.ameli.fr/assure/sante/devenir-parent/grossesse/difficultes-et-maladies-pendant-la-grossesse/fausse-couche
- Le risque augmente avec l’âge : 10-15 % avant 30 ans, 30 % à 39 ans, 75 % à 42 ans (Journal des Femmes, 2024). https://www.journaldesfemmes.fr/maman/guide-grossesse/2388798-fausse-couche
- Le surpoids accroît de 67 % le risque de fausses couches précoces ou répétées (Inserm, étude Pelagie). https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2017-11/inserm-rapportthematique-troublesfertilite-2012.pdf
- Exposition aux solvants pendant la grossesse : risque accru de fausse couche et de malformations (Inserm, cohorte Pelagie). https://presse.inserm.fr/wp-content/uploads/2017/01/2009_09_15_CP_Grossesse_NocivSolv.pdf
Questions fréquentes
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Pourquoi fait-on une fausse couche précoce ?
La plupart sont dues à une anomalie chromosomique de l’embryon. Dans ce cas, la grossesse suivante se déroule souvent normalement.
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Qu’est-ce qu’un œuf clair ?
C’est une grossesse où le sac gestationnel est vide. La fécondation a eu lieu mais l’embryon ne s’est pas développé. -
Quand faut-il consulter après une fausse couche ?
En cas de saignements abondants, douleurs importantes, ou si la fausse couche n’a pas été confirmée par échographie, il faut consulter rapidement. -
Après combien de temps peut-on retenter une grossesse ?
En général, il est conseillé d’attendre 1 à 2 cycles pour laisser le corps se remettre, mais cela dépend de chaque situation médicale. -
Les fausses couches à répétition sont-elles un signe de maladie ?
Elles peuvent révéler une anomalie utérine, hormonale ou immunitaire. Des examens spécialisés permettent d’en identifier la cause dans de nombreux cas.













